dimanche, juillet 31, 2005

Caterine Banat-Dimitrievscu se confie à France-Soir


Caterina Banat-Dimitrievscu revient sur son étrange parcours ainsi que sur l’affaire fort retentissante du grand restaurant roumain Constantinescu dans un long entretien avec Georges Margaritis pour l’édition de France-Soir du 2 octobre 1947.

Est publiée ici, et non sans difficultés après de très nombreuses demandes émanant de membres de la communauté roumaine bessarabe, la première partie de cet interview.

G.M – Mademoiselle Banat-Dimistriescu, avant d’en venir à l’affaire Just-Korner, j’aimerais que vous nous disiez de quelle étrange manière vous avez atterri dans la capitale des lumières.

C.B.D – Je suis originaire de Ploiesti en Bessarabie. Vous savez, les terres situées entre la rivière Prut, le Dniestr et la frontière occidentale Bordure, constituent la région de Bessarabie ayant appartenu à la Roumanie à plusieurs reprises depuis l’Antiquité et jusqu’en 1945 et dont la population est en grande majorité roumanophone. Après la chute de l’Union soviétique, de nombreux citoyens, intellectuels et ouvriers, ont rêvé d’une réunification de la Bessarabie avec la Roumanie, mais il n’en a jamais été officiellement question. Mon père, Krikor Banat était un homme riche qui avait construit sa fortune grâce aux revenus qu’il retirait du pétrole. Ma mère venait de la minorité allemande de Klausenburg et était la fille d’un éleveur de chiens, le Teckel Royal de Branéa, une race aujourd’hui disparue.

G.M – Et puis, c’est la guerre !

C.B.D - Quand l’URSS a annexé la Bessarabie en 1940, j’avais 20 ans. Pour ma famille paternelle, cet événement a été insupportable. C’est la raison pour laquelle mon père a commis l'erreur de collaborer avec le général Antonescu et sa Garde de Fer en mettant les ressources pétrolières dont il disposait encore au service de notre Roi Carol II, dit le taciturne. Les allemands sont arrivés en 1941 et puis tout est devenu terrible, vous comprenez…les partisans ne sont pas restés les bras croisés. La répression était forte contre des familles comme la mienne… un matin d'hiver, les 9000 chiens de l’élevage de Klausenburg ont été massacrés par des partisans staliniens, ivres de slivovitza, qui en ont même dévoré certains après les avoir fait rôtir vivants avec des lance-flammes…c’etait horrible…Ma grand-mère Maria qui a assisté à tout depuis la terrasse du Schloss Eierhoff en est morte de chagrin. Enfin, les Russes sont arrivés aux portes de la Roumanie en 1944 : il a fallu fuir, et tout a été très vite. Nous n’avons emporté que de l'or et des bijoux et abandonné tout ce que nous possédions. Papa a conduit la vieille Bugatti à travers bien des régions inhospitalières. Nous avons du abandonner nos domestiques pour des motifs liés au confort dans lequel nous avions besoin de voyager. Plus tard, nous avons appris qu’ils avaient étés exécutés et avons regretté leur savoir-faire ancillaire acquis de génération en génération...je vous mets au défi de trouver aujourd’hui une bonne capable de cirer un parquet de 900 m2 avec une peau de mésange.

G.M – Et ensuite ?

C.B.D - Je me souviens que lorsque nous avons atteint la frontière yougoslave, nous étions si fatigués que nous avons décidé de dormir chez une cousine de ma mère, à Drobeta. Cette femme, qui était une remarquable maîtresse de maison, n’avait malheureusement rien d’autre à nous offrir que du gigot d’agneau en raison de la pénurie de comestibles qui frappait notre pauvre pays ; c’est alors que mon père- et je ne peux me souvenir de cela sans émotion – est allé chercher un paquet dans le coffre de la Bugatti et l’a déposé sur la table de la réception en souriant. C’était une boite contenant 10 livres de caviar ! Tout le monde a repris courage et le gigot d’agneau a fini dans un tas de fumier ! Le repas fut agréablement accommodé d’une caisse d’un excellent champagne Röderer. Trois jours après nous passions la frontière italienne et nous réfugions dans un couvent à Gênes ou nous n’avions plus qu’à cacher la Bugatti à l’évêché et à attendre calmement la libération de la ville en sirotant des marsala all’uovo.

G.M – Et puis, l’Amérique….

C.B.D - Oui, l’Amérique. Je suis arrivée à Hollywood en juillet 1945.

G.M – Pourquoi Hollywood, vous aviez déjà décidé de faire des films ?

C.B.D – Pas du tout, je devais me marier avec un américain rencontré chez le Prince Borghèse. Mais le hasard c’est le hasard, n’est-ce pas ?

(A suivre)

vendredi, juillet 29, 2005

Teddy Vrignault reconnu par un vacancier à Noirmoutier


C’est un trentenaire, vacancier originaire de Mulhouse, Jean-Marc Haschenbauer, séjournant dans la région de Noirmoutier qui a reconnu Teddy Vrignault, l’un des deux Frères Ennemis, disparu mystérieusement en 1976. Seule la R-16 de Teddy avait été retrouvée sous la pluie, tous feux allumés les essuie-glace encore en marche, une vieille cassette de Rudy Vallée jouant toute seule et une bouteille de vin géorgien à moitié vide traînant sur la banquette arrière.

Il s’exprime dans les colonnes d’Ouest France du 25 juillet : Ma femme, mes deux enfants et moi sommes en camping juste en face de la plage du Bois de la Chaise. Nous ne faisons pas la cuisine sous la tente et préférons déjeuner à proximité de la plage pour que les gosses puissent en profiter le plus possible. Il y a une baraque à frites, le Petit Chouan qui sert de grosses barquettes et où la sauce mayonnaise est faite maison. C’est là que nous allons. Avant-hier, nous étions en train de manger quand ma femme a remarqué que le papier qui servait à emballer les beignets que nous voulions emporter pour nos gamins était une vieille feuille de journal sale et jaunie. Christelle a voulu gueuler mais je lui ai vite fait signe de ne rien dire parce que j’ai reconnu la photo de Teddy Vrignault. C’est une très belle photo – Jean-Marc nous montre une page d’Ouest France datant de juillet 1976 ! – de ce comique dont j’aimais beaucoup les sketches lorsqu’ils passaient à la télé, je veux dire avant qu’il disparaisse.

Qu'est-il advenu de l'humoriste? On n'en sait rien. Ou presque, puisque signalé dans plusieurs pays du monde, dont l’Afghanistan et le Pakistan, mais aussi la banlieue de Detroit et l’enclave espagnole de Ceuta, les recherches entreprises par Interpol pour le retrouver se sont toujours avérées vaines.

Essuyant nerveusement le revers de sa main collant de glace à la pistache sur son boxer short, Jean-Marc Haschenbauer lance en guise d’hommage incertain à Vrignault : Où que tu sois Teddy, saches que des millions de Français ne t’ont pas oublié et attendent ton retour, et si tu décidais de revenir, je serais un des premiers à aller t‘applaudir.

Il est 12H00 sur la plage du Bois de la Chaise, l'océan s'étend, bleu-roi. Les frites sont cuites au Petit Chouan.

http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?PRID=1555102&Mn=1&Mu=-13&Origin=fnac_yahoo&Ra=-28&To=0&Nu=1&Fr=3

Stéphane Just répond à Barta dans Le Monde

Stéphane Just répond à Barta dans l'édition du 16 septembre 1947. C’est encore une fois Claude Dumais qui recueille les propos du militant révolutionnaire.

Le Monde : - Stéphane Just, pouvez-vous me donner votre version de ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui l’affaire du restaurant Constantinescu ?

S Just : - Ecoutez, j’ai très très bien connu Marceau-Pivert parce que mon père, qui était un dirigeant ouvrier, était ami avec lui. C’était un chic type, je peux vous en assurer. Alors quand je lis ce que Barta vous a raconté à son sujet…au sujet du film de Talpain – parce que c’était un film de Talpin écrit par Talpin et réalisé par Talpin – ça me fait doucement marrer…

Le Monde : - Mais la sole…

S. Just : - La sole ? Eh bien s’il faut revenir là-dessus, il faut dire la vérité. Korner bouffait une énorme sole dégoulinante de beurre avec les doigts, oui Monsieur, avec les doigts, quand Talpin et son équipe de tournage a débarqué chez Charretier pour faire des repérages. Quand ils ont vu Barta manger de cette façon, ils ont tourné tout ce qu »ils pouvaient. Essayez de les comprendre : Un mec comme Barta en train de faire un truc pareil, c’était du jamais vu, enfin c’est ce que je pensais comme tout le monde jusqu’à ce que je fréquente une fille qui faisait un spectacle chez Constantinescu et que je vois moi-même Korner dans ses œuvres. En fait, ce mec ne se servait jamais de couverts quand la bouffe lui plaisait, quand il était peinard aussi, et comme il n’était pas souvent peinard…Barta, c’est un mec très très sérieux, comme moi ( Just rit ), on ne se donne pas souvent en spectacle, ça fait, comment dire…allez, ça fait bourgeois de bouffer avec les doigts, non ?

Le Monde : - Korner dit que vous l’avez insulté.

S. Just : - Je l’ai accusé d’avoir Trahi Marceau. Et je le pense. J’étais avec des camarades de l’Union Communiste, on avait pas mal bu, bon, vous savez comment ça se passe dans ces cas là, on va peut-être un peu trop vite…De toute façon, il n’avait pas à me balancer cette espèce de paupiette dans la gueule. Vous savez qu’il m’a brûlé la joue au second degré – Just montre un endroit de son visage où la peau est un peu plus claire - ? Et vous savez ce que j’ai pris après, et que je me suis fait rosser pendant une demi-heure par ce dingue pendant que deux roumains me menaçaient avec un flingue pour que j’encaisse des ramponeaux sans répliquer ? Ma fiancée a été témoin de tout cela. C’est une roumaine elle aussi, et réfugiée politique d’origine bessarabe, mais elle n’a rien pu faire. Barta était comme fou.

Le Monde : - Barta dit que vous l’avez provoqué en vous montrant avec Mademoiselle Bant-Dimitrievscu.

S. Just : - Bon, alors vous sortez avec une fille, n’importe quelle fille, mais plutôt une jolie fille, et tous les mecs qui n’ont pas cette chance peuvent vous considérez comme un provocateur ? Barta en pinçait pour elle, c’est vrai, mais comme le spectateur d’un film qui se met à délirer un petit peu sur une star, vous comprenez. C’est vrai qu’on a vu Rotten Flesh de Browning ensemble, je me souviens très bien de cet après-midi là parce qu’après, j’ai été pendre la crémaillère chez France Roche et Franju et qu’on a finit la nuit au commissariat du 15ème. Leur môme, un petit anar cuité à mort, avait assommé un flic qui passait tranquillement sous leur balcon, rue des Favorites, avec une bouteille de Pernod. Si je m’en souviens…Quand j’ai croisé Catérina chez Prunier, je lui ai demandé un autographe et c’est là qu’elle m’a dit qu’elle ne s’appelait pas Maxine. Elle a lâché le stylo qu’elle avait dans la main et s’est mise à chialer parce qu’elle était tricarde à Hollywood pour une histoire de fesse. Je l’ai consolée, c’est tout. On sort toujours ensemble.

Le Monde : - Merci Stéphane Just.

mercredi, juillet 27, 2005

Barta s'explique sur l'incident du restaurant Constantinescu


Le Journal le Monde publie cette interview de Barta alias David Korner dans son édition du 12 septembre 1947. Le journaliste, Claude Dumais, interroge le révolutionnaire dans un bistro de la rue de Belleville.


Le Monde : - David Korner, que s’est-il exactement passé au restaurant Constantinescu le 14 août 1947 ?

David Korner : - Je vais, bien entendu, vous répondre le plus complètement possible, mais je tiens auparavant à vous dire que je souhaite qu’en aucune manière le nom de Marceau-Pivert en soit mêlé à tout cela.

L.M : - Ca me semble difficile parce que c’est bien de lui qu’il s’agissait lorsque la rixe a éclaté dans la salle du restaurant…

D.K : - Les divergences existantes entre moi et quelqu’un comme Stéphane Just ne devraient apparaître qu’au niveau de l’unité d’action, et non au sujet de mon appartenance passée au parti de Marceau Pivert.

L.M : - Mais comment expliquez-vous le fait qu’après avoir créé la gauche révolutionnaire au sein de la SFIO vous ayez…

D.K : - Ecoutez, je vais vous dire une chose : les Pivertistes – et sans avoir été vraiment un pivertiste, Just partage toujours, secrètement, leur credo pour des raisons familiales - n’ont jamais compris cette sorte de résignation désespérée des minorités BL [bolchevik-léniniste] et JSR [Jeunesses socialistes révolutionnaires] qui n’ont pas cru suffisamment à leur capacité de transformation et ont fourni aux bureaucrates réformistes les armes de leur exclusion.

L.M : - Mais, vouloir conquérir les masses et ne pas être capable de conquérir le parti, n’est-ce pas une gageure ?

D.K : - Je vous dis une seconde chose : Marceau Pivert animait l’équipe de « cinéma socialiste » avec Germaine Dulac et Robert Talpain, il avait supervisé la production de plusieurs films militants. Dans l’un de ces films, comme par hasard, et cela montre combien Marceau-Pivert souhaitait, entre autres, mon départ, on me voit en train de manger une sole avec mes doigts chez Charretier.

L.M : - Mais…

D.K : - Vous comprenez pourquoi j’ai réagi de cette manière chez Constantinescu ? Venir me provoquer dans ce restaurant alors que je reste profondément roumain ! Au moment même ou on venait de me servir des Alici Ohniatesti qui sont mon plat préféré! Stéphane savait pertinemment le mal qu’il me faisait en me faisant apparaître publiquement comme un traître à la cause pivertiste ! Quelle différence entre ce film scandaleux où un acteur à la solde de la bourgeoisie et se faisant passer pour le grand Barta dévore une énorme sole dégoulinante de beurre avec ses doigts et cette manière de me brocarder au milieu des miens quand j’ai une serviette autour du cou et que je mange mes paupiettes à la mode de Dacie orientale, à savoir effectivement avec mes doigts, oui avec les doigts, comme tous les Roumains en semblable occasion !

L.M : - Mais pourquoi être venu aux mains ?

D.K : - Il y autre chose, si vous voulez…Cette fille, la danseuse bessarabe…

L.M : - La fiancée de Just ?

D.K : - Oui. Vous ne le savez peut-être pas, mais Just et moi nous étions souvent rencontrés à la cinémathèque de Chaillot. Moi j’y allais seulement pour regarder des films, mais Stéphane continuait la soirée chez France Roche et Georges Franju qui vivaient ensemble à l’époque avec leurs fils, un enfant naturel qu’ils avaient eu avant la guerre et qui, en 45 était représentant chez Paul ricard. Vous comprenez pourquoi pas mal de camarades qui n’aimaient pas particulièrement le cinéma se rendaient à la cinémathèque. Le jaune coulait à flot chez les Franju. Un soir, nous avons été éblouis tous les deux par un film de Paul Browning, Rotten Flesh. L’actrice principale était d’origine roumaine mais avait pris un pseudonyme anglo-saxon, Maxine Cooper. Moi j’ai su immédiatement qu’elle était roumaine à cause de son léger accent, mais n’en ai rien dit à Just qui s’est mis à délirer sur ses jambes en sortant de la salle de projection. Cette fille m’avait bien sur tapé dans l’œil à moi aussi, mais ce que j’approuvais alors pour elle était assez chaste et, comment vous dire, respectueux…Stéphane, lui, avait seulement envie de se la faire, pour parler clairement…Dans le courant de l’année 46, je me suis rendu compte que la streap-teaseuse de Constantinescu, Caterina Banat-Dimitrievscu, n’était autre que la Maxine Cooper du film de Browning. Je mangeais souvent dans ce restaurant et elle ne me laissait pas indifférent. Seulement, quand je me suis aperçu, ce soir d’août, qu’elle sortait avec ce pabliste, mon sang n’a fait qu’un tour, je le suis mis à les haïr tous les deux tout en avalant mes plats au fond de la salle. Et puis Just m’a insulté publiquement, comme vous le savez, et là, ça a été terrible. Caterina ricanait comme une hyène avec son rouge à lèvre rouge-sang. J’ai jeté une paupiette brûlante au visage de Stéphane, le brûlant sans doute assez grièvement, puis lui ai cassé la gueule jusque dans la rue du Nil, devant la porte de Constantinescu. Vous comprenez maintenant, vous comprenez ? Et j’ajoute que ce steak saignant, là, dans mon assiette, et ces frites, ces belles frites faites à la main par des ouvriers hautement qualifiés, là, je les mange avec des couverts, pas avec les doigts. Je suis un être civilisé.

L.M : - Merci à vous David Korner.

mardi, juillet 26, 2005

Bossa-Nova and Death 4

L'électricien brésilien a maintenant un nom, Jean-Charles de Menezes. Il était temps. Surtout qu'il a recu non pas 5, mais 7 balles dans la tête après avoir été immobilisé, le visage dans la poussière d'Angleterre. Cette même poussière avec laquelle on fait les délicates porcelaines de Woodridge. Celles qui trônent discrètement dans les salons victoriens. Celui de Dial M for Murder, par exemple...

http://olive.blog.lemonde.fr/olive/2005/07/la_mort_dun_inn.html

De la musique avant toute chose!


Bon. Cet appartement est celui d'un audiophile japonais, certainement célibataire et fanatique total du son. Impossible d'aller plus loin dans l'expérience musicale, ou alors il faut se faire exploser au milieu de la fosse d'orchestre à Bayreuth, à la fin du dernier acte de Parsifal.

Stéphane Just versus Barta


Ce cliché a été pris par un vieux militant internationaliste, photographe de presse et ancien compagnon de route de Stéphane Just. Ce dernier est photographié après une sévère rixe l'ayant opposé à Barta - alias David Korner - devant un restaurant roumain de la rue du Nil en août 1947.

Just, qui avait le matin même été exclu des jeunesses socialistes de la Seine avait décidé de prendre l'apéritif avec des repsonsables du P.C.I afin d'intégrer cette organisation. Le rendez-vous avait été naturellement organisé au restaurant Constantinescu, le militant ouvrier fréquentant alors Caterina Bant-Dimitrievscu, strip-teaseuse bessarabe employée par l'établissement.

Korner-Barta, d'origine roumaine lui aussi et grand insomniaque affectionnait cet endroit réunissant après la guerre la fleur des noctambules balkaniques, du collaborateur impuni - et futur banquier du MRP - Joanovici au dessinateur Gosciny.


Barta, qui avait avant la guerre créé la tendance "Gauche Révolutionnaire" de Marceau-Pivert venait, à la suite de son exclusion de la SFIO, de fonder l'Union Communiste et était particulièrement sensible aux critiques de ceux, demeurés profondément pivertistes, qui lui reprochaient une nouvelle volte-face. Dînant au fond de la salle, il avait commandé une spécialité de Dacie orientale nommée Alici Ohniatesti - de délicieuses petites paupiettes de forme oblongue réalisées avec des escalopes de filet de boeuf mariné aux schnaps et farcies avec des raisins passerillés, des figues fraîches et des tripes préalablement rissolées au beurre.

Stéphane Just, après avoir vidé une bouteille de raki s'était attablé avec ses deux interlocuteurs et sa fiancée, poursuivant le débat dans la bonne humeur. Découvrant la présence de Barta, et bien que n'ayant jamais été lui-même pivertiste, il se retourna vers lui comme fou, s'écriant:

- Barta, salaud! Tu a trahi Marceau-Pivert!

Barta se leva alors, la serviette autour du cou et les lèvres encore luisantes de sauce au paprika, saisi une Alici Ohniatesti brûlante dans son assiette et la jeta avec adresse au visage de Stéphane Just en hurlant:

- Pabliste!

Les choses dégénérant, les deux militants se retrouvèrent dans la rue, Just terminant groggy à même l'asphalte et dans les bras de la jolie Caterina Banat-Dimtrievscu.

Ainsi va souvent le mouvement ouvrier authentiquement révolutionnaire, assoiffé, gourmand, mystérieux, mais imprévisible. Ci dessous, une bonne page culinaire roumaine où vous ne trouverez cependant pas la recette des Alici Ohniatesti. On ne peut pas tout avoir.

http://www.adhoc-roumanie.com/bucatarierom.html

lundi, juillet 25, 2005

Bossa-Nova and Death- 3

L'électricien brésilien a, après avoir quitté son domicile - qui était surveillé par Scotland-Yard - voyagé pendant 20 minutes dans un autobus bondé sans que cela n'échauffe les puissantes méninges des condés qui, peu de temps après, allaient lui coller 50 grammes de plomb dans la tête.

Et le gouvernement blairiste d'appeller à nouveau à la curée des kamikazes!

Il est vrai que la très traditionnelle et noble chasse au renard a été interdite par le même gouvernement il y a un an.

L'arabe - au sens de le basané - peut-il remplacer utilement le roux et malin courreur des plaines touffues du Londonistan - Nouvelle enclave mauresque en pleine Albion?

Le capitaine Blake n'aurait jamais fait une chose pareille, j'en suis convaincu.

My Sunday Kind of Love

My Sunday Kind of Love. Eblouissants accords de guitare de Barry Galbraith au milieu du premier orchestre de Claude Thornhill et puis Fran Waren : I got the blues when it rains...

Le meilleur orchestre à la veille de la guerre. Thornhill ne parvint jamais a le reconstituer. Il faisait jouer ses musiciens à l'unisson jusqu'aux limites du supportable. Gil Evans le comprit qui imposa au patron des arrangements sur des morceaux de Parker. Aucune autre formation n'aurait pu les jouer.

Quand Thornhill, élégamment usé dans son éternel costume blanc, tourna définitivement le dos à la vie, c'est dans une fourrure immaculée que Fran assista à son enterrement. Il est vrai que ce qui restait de l'orchestre avait décidé de jouer une dernière fois snowfall.


dimanche, juillet 24, 2005

Life on the Moon


La première fois que j'ai vu Armstrong poser le pied sur la lune, c'était dans une salle de bistrot à Bollwiller en octobre 1970 - ça faisait donc un bail que l'événement avait eu lieu. La télé était accrochée à un mur face au comptoir, loin au dessus des bouteilles de Neier Siasser et des tables couvertes d'éclats de coquilles de noix. Personne ne portait attention à ces incroyables images.

Petit monde pittoresque jusqu'à l'os et autour duquel aucun astre ne peut graviter impunément.

Peu de temps après, raccontant à mon arrière-grand-mère - née en 1883 - ce que j'avais vu au café, elle me répondit:

- Pauvre garçon, tu crois tout ce que tu vois. Prends un autre dampfnudel.

Voici une excellente recette de dampfnudel. Rien de meilleur le soir avec une bonne soupe.

http://www.supertoinette.com/recettes/dampfnudel_in.htm

Bossa-Nova and Death - Suite

C'est, on vient de l'apprendre, un électricien brésilien - basané donc - qui a été abattu comme un chien par les flics anglais. Ce mec n'avait absolument rien à voir avec les attentats de la semaine dernière. Rien.

5 balles dans la tête de la part de Tony Blair.

Le caniche de Bush a donné l'ordre de tirer dans la tête de toute personne suspectée d'être un kamikaze. Cela concerne-t-il donc tous ceux qui portent des sacs à dos ou s'habillent un peu hors-saison? Ou tous ceux qui portent des sacs à dos, s'habillent hors-saison et sont basanés?

En France, on ratonne depuis toujours sans distinction, même les porteurs de Marcel.


Bossa-Nova, Sex and Marxism



L'actrice américaine Carole Landis photographiée en 1938 à Copacabana par son fiancé de l'époque, James P. Canon, dirigeant trotskyste américain à la veille du troisième congrès de la centrale ouvrière brésilienne. Ce cliché était le fleuron de la collection de leftist beauties constituée par Stéphane Just à la fin de sa vie. Sacré Stéphane!

Bossa-Nova et Salade Niçoise.


Et puisqu'on se souvient de la passionante Nara Leao, un petit mot sur le label brésilien ELENCO, dévoré par Phillips en 1970. Magnifique travail de graphisme qui ne déparait pas celui d'un Reid Miles chez Blue Note. Cette collection a été rééditée en CD. Si vous en voyez passer un, "faites main basse" comme disait le grand Spaggiari qui préférait le folklore argentin.

Bossa-Nova and Humiliation



Kenny Burrell photographié par un amateur brésilien en 1965 sur la plage d'Ipanema le soir où il devait casser en deux sa Gibson L5 noire, défoncé aux capirinhas et ne parvenant pas à accompagner Nara Leao sur Nao Me Diga Adeus. Il fait vraiment la gueule. Evidement, personne ne rapporte cette histoire - sauf Howard Roberts qui était du voyage - et ca peut se comprendre quand on connait le talent de l'immense guitariste, beaucoup plus à l'aise sur les arrangements de Gil Evans - Moon and Sandy par exemple?

Dommage qu'il n'y ait pas eu d'enregistrement.

http://www.hopper-management.com/kb_bio_e.htm



Bossa-Nova and Death

"A man shot dead by police hunting the bombers behind Thursday's London attacks was a Brazilian electrician unconnected to the incidents" says the BBC.

samedi, juillet 23, 2005

Life in Paris


1870

Café Voisin, G. Braquenas


HORS D'ŒUVRE

Beurre - Radis - Tête d'âne farcie - Sardines

POTAGES

Purée de haricots rouges aux croûtons
Consommé d'éléphant

ENTREES

Goujons frits - Le chameau rôti à l'Anglaise
Le civet de Kangourou
Côtes d'ours rôties sauce poivrade

ROTS

Cuissot de loup, sauce chevreuil
Le chat flanqué de rats
Salade de cresson
La terrine d'antilope aux truffes
Cèpes à la bordelaise
Petits pois au beurre

ENTREMETS

Gâteau de riz aux confitures

DESSERT

Fromage de gruyère

VINS

PREMIER SERVICE-DEUXIEME SERVICE

Xérès Mouton Rotschild 1846
Latour Blanche 1861 Romanée Conti 1858
Ch. Palmer 1864 Bellenger frappé
Grand porto 1827
Café et liqueurs

Life on Mars



Cette photo, prise en mars 1947 dans une usine secrète d'assemblage de l'US-Air Force dans le désert du Nevada est inouïe. Ces femmes, vêtues comme des ouvrières de l'ASCOM et qui posent devant deux réacteurs en construction sont des agents à la solde des soviétiques et seront indentifiées deux mois plus tard après que l'une d'entre elles - la brune - Clara Formann ait été arrêtée dans un bar de Reno au moment où elle communiquait les plans de la fusée A/5 à un complice du KGB.



La fusée A/5, dont le principe de moteur a propulsion nucléaire avait été conçu par Werner Von Braun dès 1942 - était censée transporter un équipage de 5 hommes sur Mars 10 ans plus tard. Les ingénieurs de ce qui allait devenir la NASA ne parvenant pas à maîtriser la fission, le programme, baptisé Red Fire, dut être abandonné. Seuls deux vols ont été tentés. La fusée-prototype ayant tout d'abord refusé de décoller parvint à parcourir 250 kilomètres - en 6 minutes! - le 15 juillet 1948 avant de s'écraser à proximité de Carson City. Aujourd'hui encore, et quand le gouvernement américain refuse de reconnaître l'existence du programme Red Fire, le taux de radio-activité enregistrés sur les lieux de l'accident sont 20 fois supérieurs à la normale.



La jeune femme blonde se tenant debout, d'origine européenne et enregistrée en 1945 sous le nom de Lena Rauschnitz auprès des services U-S d'immigration est en réalité Olga Balachnikova, scientifique et maîtresse de Béria que les réseaux staliniens parviendront à exfiltrer vers l'URSS. On lui doit l'invention de la centrale inertielle riemannienne qui permettra aux soviétiques l'envoi de Spoutnik-1, le 4 octobre 1957 ainsi qu'une pommade.

Des os dans les os


"Der kleine Gottesacker, welcher sich rings an die trotz ihres Alters immer weiß geputzte Kirche legt und niemals erweitert worden ist, besteht in seiner Erde buchstäblich aus den aufgelösten Gebeinen der vorübergegangenen Geschlechter; es ist unmöglich, daß bis zur Tiefe von zehn Fuß ein Körnlein sei, welches nicht seine Wanderung durch den menschlichen Organismus gemacht und einst die übrige Erde mit umgraben geholfen hat." Der Grüne Heinrich.

Des os dans les os.

Les morts de Gottfried Keller étaient ensevelis dans une fine pousière issue de la décomposition des os de ceux qui les avaient précédés.


La blonde Joan Bennett, non solvable dans la blondeur réglementée par les studios, devint brune, ce qui n'avait vraiment rien d'habituel. N'est-elle pas encore plus belle dans Secret Beyond the Door? Bon sang - de bois - je n'en sais rien! Et dans la transparence hypnotique de sa robe sans tain de The Woman in the Window?